STENDHAL
Julien Sorel est le héros stendhalien par excellence, torturé par ses contradictions. Il séduit déjà deux femmes de natures tout à fait distinctes. L'une voit dans le jeune précepteur son fils aîné. L'autre est hautaine et orgueilleuse. Mathilde vit encore dans le passé et recherche en Julien son aïeul Boniface de la Mole, l'amant de la reine Marguerite de Navarre, un maître tyrannique. De son côté, Julien ne pense qu'à lui. Aimer Mme de Rênal ou Melle de la Mole n'est qu'un prétexte afin de faire ses preuves dans cette haute société et anéantir son complexe d'infériorité. Peur d'être mal traité, peur surtout de paraître ridicule. Julien scrute, examine, analyse les moindres faits et gestes de ses conquêtes : Mme de Rênal retire sa main de la sienne. Ne serait-ce pas là une marque de mépris ? Paralysé par l'obsession de son rang, Sorel ne parvient pas à éprouver de l'amour. Dans l'âme de ce jeune homme du peuple, les sentiments se brouillent.
Le Rouge et le Noir est une uvre attirante. Son titre d'abord fascine par la netteté des couleurs. Le rouge, symbole d'un rêve militaire, peut-être le sang de Mme de Rênal répandu sur le sol de l'église. Le noir, choisi par le héros pour faire carrière en se servant de la religion, peut-être aussi le deuil que porte Mathilde à la mort de son mari.
Par ailleurs, dans cette société machiavélique, l'hypocrisie n'est point un défaut. Au contraire, elle est justifiée, un avantage même dans un monde livré aux vices, où on ne trouve personne à admirer ou à respecter. Julien est l'un de ces hypocrites qui se sert des gens comme de ponts pour franchir les paliers de la hiérarchie sociale et réaliser ses rêves. En fait, Stendhal nous propose une chronique du XIXème siècle, d'une génération de jeunes gens dont Sorel est le représentant. Mais au-delà de l'espace du roman, il est aussi le miroir d'une jeunesse actuelle qui rêve, comme Julien sublime Napoléon, de vivre d'autres temps plus héroïques.
Nissrine A. SheikhLe Rouge et le Noir raconte l’histoire de Julien Sorel , jeune homme admirateur de Napoléon qui hésite entre une carrière ecclésiastique ou militaire , qui a du succès auprès des femmes , et qui , parti d’une situation difficile arrive petit à petit à une respectable situation , malheureusement à la fin du livre il décède.
Dans ce roman , à travers le héros , Stendhal fait l’éloge de Napoléon Bonaparte . Julien Sorel , dés son plus jeune âge ( ‘‘Dés sa première enfance , la vue de certains dragons du 6e , aux longs manteaux blancs et la tète couverte de casques aux longs crins noirs , qui venaient d’Italie et que Julien vit attacher leurs chevaux à la fenêtre grillée de son père , le rendit fou de l’état militaire . Plus tard , il écoutait avec transport les récits des batailles du pont de Lodi , d’arcole , de Rivoli...’’) , admire l’Empereur et rendu à un âge de réflexion il regrette son départ (‘‘Depuis la chute de Napoléon , toute apparence de galanterie est sévèrement bannie des moeurs de la province’’, ‘‘Quand la présence continue du danger a été remplacée par les plaintes de la civilisation moderne , leur race (des âmes héroïques) a disparu du monde .’’ ‘‘Ah ! s’écria-t-il (Julien)que Napoléon était bien l’homme envoyé de Dieu pour les jeunes Français ! Qui le remplacera ? Que feront sans lui les malheureux , même plus riches que moi , qui ont juste les quelques écus qu’il faut pour se procurer une bonne éducation , et pas assez d’argent pour acheter un homme à vingt ans et se pousser dans une carrière ! Quoi qu’on fasse , ajouta-t-il avec un profond soupir , ce souvenir nous empêchera d’être heureux !’’)
Et le rêve de Julien Sorel est de succéder à son héros (‘‘Son bonheur n’eut plus de bornes lorsque , passant près du vieux rempart , le bruit de la petite pièce du canon fit sauter son cheval hors du rang . Par un grand hasard , il ne tomba pas ; de ce moment il se senti un héros . Il était officier d’ordonnance de Napoléon et chargeait une batterie .’’)
Si vous avez raté le roman
Stendhal ne sculptait pas ses romans dans le marbre. Il écrivait vite, très vite, pour capter la vitesse de la vie, saisir son époque. La trame du roman est d'ailleurs tirée d'un fait divers qui agita l'lsère en 1827. Son héros Julien Sorel est un jeune homme pauvre et doué qui, dans la France ultra et bigote de la Restauration, ne peut sortir de sa condition que par la prêtrise et les femmes, car Julien est beau garçon. Il n'est pas Rastignac, trop impétueux pour cela. Ni Don Juan. Ce sont les femmes qui le choisissent.
D'abord, madame de Rênal, la provinciale, épouse du maire de Verrières, la petite ville où Julien est né, qui l'a engagé comme précepteur des enfants. Puis Mathilde de La Mole, la Parisienne, enfant gâtée et fanstasque du marquis de La Mole, un pair du royaume dont Julien est devenu le secrétaire. Alors qu'il est sur le point d'épouser la jeune fille, il prend connaissance de la lettre, toute de venin, que madame de Rênal a envoyée à son futur beau-père, le marquis. Il décide de la tuer. Julien, comme tous les héros de Stendhal, ne mourra pas dans son lit.
Un grand écrivain appartient à tout le monde et
Stendhal est de ce point de vue un écrivain singulier, pour employer un qualificatif qu'il affectionne, au point qu'on le trouve parfois à plusieurs reprises dans la même page de l'un de ses romans et des centaines de fois dans son oeuvre.
Singulier d'abord parce qu'il a été peu lu de son vivant, même s'il a suscité l'admiration de Balzac et de Goethe, ce qui n'était pas rien. Lui-même pensait qu'il serait lu plus tard, en 1880, en 1930... et il avait vu clair. Il est aujourd'hui considéré dans le monde comme un des plus grands écrivains de tous les temps, si son temps l'a ignoré.
Mais il n'a jamais cessé de susciter des sentiments divers et s'il éveille chez les uns une sympathie pour des raisons parfois contradictoires, d'autres au seul bruit de son nom débordent d'indignation et d'injures.
Ainsi Claudel, vous le savez, qui voyait encore en lui "un pachyderme", un "épais philistin" et se conentait de le classer dans le nombre des "ratés et des refoulés de l'amour".En ce qui me concerne ce que je trouve singulier chez ce grand écrivain, ce que j'aime en lui, c'est justement qu'il est un personnage contrasté, à l'image de la vie elle-même. Certains de ses détracteurs - et amis quelquefois - ont beau jeu de dire qu'il a tenu sur tel personnage ou tel évément historique des propos contradictoires mais, j'y reviendrai, il me semble au contraire qu'au-delà de ces contradictions, qu'il se situe, lucidement, dans le sens du devenir historique et qu'il porte un jugement perspicace sur la société de son temps. S'il ne se refuse pas à voir les contradictions, y compris les siennes propres, il reste ancré sur l'essentiel. Ce qui le conduit à jeter un regard sévère sur l'époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet, en restant fidèle à ses premières amours jacobines.