Les fetes en France
Malgré les efforts de l’Eglise pour faire disparaître toute trace de paganisme, la coutume des rois subsista chez les chrétiens.
Selon la tradition, c’est le plus jeune garçon de l’assistance qui monte sur la table, ou plus généralement se cache dessous. Le « président » des convives (presque toujours la personne la plus âgée) coupe chaque part du gâteau ou galette et demande à l’enfant de désigner celui à qui elle doit revenir. La première tranche, qui est « pour le bon Dieu », est toujours mise de coté pour etre donnée au pauvre qui se présenterait. On prétendait que ne pas donner l’aumône aux pauvres qui mendiaient le soir ou le lendemain des rois portait préjudice aux récoltes.
Heureux celui qui obtient la fève. Dès le XIII siècle au moins, elle avait la réputation de porter bonheur et d’attirer les faveurs du roi ou des dignitaires de la Cour. La conserver dans sa poche protège toute l’année.
Les enfants qui ne participaient pas au tirage des Rois étaient menacés d’etre tourmentés et jetés à terre par le diable. Dans de nombreuses régions, un morceau du gâteau des Rois protégeait du tonnerre.
L’Epiphanie est une date propice à de nombreuses pratiques magiques : une jeune fille qui veut voir son futur mari en rêve doit, à minuit pile, mettre sous son traversin un miroir sur lequel elle a placé, en forme de croix, une paire de bas de soie noire, et un papier comportant le jour et l’heure de sa naissance (à écrire avec une plume attachée au quatrième doigt de la main gauche). Elle se déshabille alors, pose un pied sur le bord du lit, lequel doit etre en bois, et dit :
Je inets le pieds sur l’anti-bois ;
Je me couche au nom des trois Rois,
Je prie Gaspard, Melchior et Balthazar
De me faire voir
En mon dormant
Le mari que je dois avoir
En mon vivant.
Si elle a pris le soin de se coucher sur le coté gauche, elle reverra de celui qui lui est destiné.
Dans toute l’Europe, les morts reviennent sur terre pendant la nuit des
Rois, et c’est pour éloigner les fantômes qu’on recommande de faire du vacarme la veille de l’Epiphanie.
Chandeleur
La fête de la Présentation de Jésus-Christ au Temple et de laPurification de la Vierge Marie a pris le nom de Chandeleur (du latin candelarum, de festa candelarum ou « fête des chandelles ») car ce jour-là, durant l’office, les fidèles tiennent des cierges à la main. Ce rite a remplacé une coutume païenne : au mois de février, à l’occasion des fêtes annuelles en l’honneur des morts. Ce jour était aux yeux des Romains impropre au mariage. On retrouve cet élément dans les croyances modernes au sujet de la Chandeleur.
Les cierges bénis à la Chandeleur, autrefois précieusement conservés ou accrochés derrière la porte de la maison, étaient pour leurs vertus protectrices (contre les maladies ou les douleurs, la tempête, l’orage, les mauvais esprits, les sorcières, etc.). Une fois qu’on avait fait bénir le sien à la messe, on l’allumait et on le rapportait chez soi, en prenant garde à ce qu’il ne s’éteignit pas : c’était un heureux présage, alors qu’en cas inverse la personne qui le tenait mourait dans l’année.
La Chandeleur est en outre caractérisée par le rite des crêpes. Il y a une hypothèse que la Chandeleur est marqué par la nouvelle lune : c’est la nuit noire, le ciel reste obscur. Temps d’angoisse donc, qu’il convient de tromper par le rire magique, mais aussi par des rites, comme celui de la crêpe que l’on fait sauter dans la pole ou place au-dessus d’une armoire, et dont on peut se demander si elle n’est pas un substitut de l’astre nocturne.
Etant consacrée à la Vierge, la fête de la Chandeleur est censée etre propice à l’amour : elle favorise les opérations destinées à rêver de son futur époux. En Franche-Comté par exemple, les jeunes gens faisaient une neuvaine à la chapelle de Marie : tous les jours jusqu’à la veille du 2 février, ils assistaient à la première messe et à la prière du soir, puis, dans leurs chambres, dressaient une table avec deux couverts, sans couteaux toutefois, avec le linge le plus blanc, le plus fin et la plus belle vaisselle. Deux morceaux de pain bénit étaient placés près de chaque assiette, un peu de vin versé dans chaque verre, et deux brins d’un arbuste au feuillage vert et deux branches de buis bénit disposés en croix ornaient le milieu de la table. Alors on ouvrait la porte au large pour le convive attendu, puis on s’asseyait à table en adressant une prière à la Sainte-